Triste nouvelle : Maurice Thirion nous a quittés ce 16 juillet 2021

Je viens d’apprendre avec tristesse le décès de notre ami Maurice. Le Kursaalamalecs perd non seulement un ami mais aussi un grand artiste, acteur, chanteur, auteur, homme de lettres, grand sportif de salon, mais pas que puisqu’il suivait avec passion toutes les courses cyclistes qui passaient dans la région. Villageois indéracinable, bien qu’ayant parcouru bien des régions ensoleillées du sud de l’Europe, il restait un fanatique de notre province, de ses forêts, de ses bocages et de ses sentiers qu’il connaissait si bien. « Petits endroits connus de moi seul », comme il se plaisait à répéter à l’envi. Avec Maurice, c’est probablement une des dernières figures emblématiques du village d’Andrimont qui disparaît. Qui ne connaissait « Jacques Lafleur, le Roi de la saucisse » ? Jacques pour Jacques Brel dont il était un admirateur inconditionnel et Lafleur parce que ce mot contenait tout ce que Maurice aimait : la poésie, la couleur, la tendresse, la joie. Mais qui se rappelle encore de sa carrière de comédien, de ses prestations homériques au Cercle Saint-Laurent en compagnie de José Defechereux, Georges Farnir, Auguste Damoiseau et bien d’autres à une époque bénie où le théâtre amateur était la seule distraction « culturelle » de notre village. ll a mis sa « carrière » de comédien entre parenthèses pour se consacrer à la chanson. Ce n’était qu’un retour aux sources puisque, plus jeune, il avait fait partie de l’orchestre de Jean Vallée dont il était un camarade d’école, si je me souviens bien. Durant quelques années, tout en gardant son métier de boucher (il fallait bien vivre) – il a fréquenté un grand nombre de vedettes de la chanson, Julien Clerc, Robert Charlebois, Pierre Rapsat, Jean Vallée et bien d’autres dont j’ignore le nom – Maurice n’avait rien d’un archiviste. Il aurait probablement pu faire une carrière dans la chanson, mais il aurait fallu abandonner son commerce, quitter la proie pour l’ombre… Il est retourné vers ses premières amours, le théâtre, toujours à Andrimont, interprétant avec bonheur de beaux rôles dans « La bonne planque », « Topaze » et « Du vent dans les branches de sassafras ». L’âge aidant, c’était de plus en plus difficile de lui trouver des rôles à la mesure de son talent et il croyait avoir terminé sa carrière quand j’ai été le rechercher pour le Kursaalamalecs. Tout le monde se souviendra de ses dernières prestations dans « Il était une gare », « La maison du lac » et celle qui lui tenait le plus à cœur « Le père » dont il avait ressorti la brochure dernièrement.  Il est resté très actif jusqu’à la fin, cherchant toujours à s’instruire, lisant énormément, suivant avec passion ces champions cyclistes qu’il aimait tant.  Dans sa cuisine trônait une grande photo de Rik Vansteenbergen et de Rik Van Looy. Il est parti comme il a vécu, sans embêter personne, ne nous laissant que de la tristesse et des regrets. Adieu mon voisin, adieu mon ami, adieu l’artiste.

José Damoiseau